Face au Mexique, l’Argentine de Lionel Messi n’avait plus le choix. Et a dû composer, samedi 26 novembre, avec un fervent public mexicain au stade de Lusail. Mais au terme d’une rencontre hachée, une bien pâle Albiceleste s’est imposée (2-0) pour son deuxième match du groupe C. Pas suffisant pour convaincre, quelques heures après la belle victoire des Bleus face aux Danemark dans le groupe D ; mais assez pour demeurer en vie dans cette Coupe du monde 2022.
Battus à la surprise générale lors de leur entrée dans le tournoi au Qatar face à l’Arabie saoudite (1-2), Messi et ses coéquipiers se savaient attendus. Eux qui assumaient leurs rêves de sacre mondial n’avaient d’autre choix que de répondre présents. « On doit tourner la page et on l’a déjà fait », a prévenu le sélectionneur argentin, Lionel Scaloni la veille. Pour lui, après l’accident du premier match, où ses troupes avaient dominé avant de s’incliner sur un « alignement des astres » en faveur de leur adversaire (dixit le coach français des Saoudiens, Hervé Renard), pas question de tout changer. « Notre style n’est pas négociable. On a pris un coup, mais on doit conserver nos valeurs. » Et d’annoncer que l’Albiceleste « jouera de façon habituelle. »
Dans un stade de Lusail transformé en chaudron à l’accent tantôt mexicain, tantôt argentin, les très verticales tribunes de l’enceinte qui accueillera la finale de la compétition ont pris leur part au spectacle. Bien leur en a pris en première période, tant la rencontre a été hachée. Si les Argentins ont tenté d’emblée d’accélérer, pour effacer leur déception de mardi, ils se sont heurtés à une Tri compacte.
Une fois encore, la lumière vient de Lionel Messi
Entremêlant agressivité et jeu, le Mexique a posé des soucis aux partenaires d’Angel Di Maria. Dans une partie où de nombreux joueurs se sont retrouvés à voir l’herbe de la pelouse d’un peu trop près, les occasions ont semblé aussi nombreuses que les jours de pluie au Qatar. Avec pour seul tir cadré un coup franc de l’attaquant mexicain Alexis Vega, en fin de première période, le début de partie a manqué de rythme, à défaut d’intensité.
Punis par l’Arabie saoudite dans l’impact pour leur entrée en lice, les Argentins ont tenté de corriger le tir en seconde période. Plus entreprenants – moins brouillons aussi –, les joueurs de Lionel Scaloni ont haussé le ton. S’ils n’ont pas multiplié les occasions, des Argentins compacts ont mis la pression sur leurs adversaires, et attendu une fulgurance de leur incontesté leader pour faire la différence.
« Messi a 35 ans, et les matchs vont s’enchaîner très vite, observait Omar Da Fonseca avant le Mondial. Et l’Argentine n’apporte pas assez de danger en dehors de lui, il va être obligé de se sublimer. » Bien muselé par la défense mexicaine, qui s’est accrochée à ses basques toute la rencontre, le joueur du Paris Saint-Germain a donné raison à l’ancien joueur argentin, désormais consultant pour beIN Sports. Comme souvent, c’est de lui qu’est venue la lumière.
Bien servi à l’extérieur de la surface de réparation, le capitaine argentin a décoché un tir écrasé au milieu d’une forêt de jambes, qui n’a laissé aucune chance au portier mexicain (1-0, 64e). Rempli de très nombreux fans arborant sa tunique, le stade qatari a laissé exploser sa joie. Sous les « Messi, Messi, Messi » triomphants de la part des 88 966 spectateurs acquis à sa cause – seconde plus grande affluence de l’histoire du Mondial, selon la FIFA, après la finale du Mondial aux États-Unis en 1994 (94 194 spectateurs) –, le septuple Ballon d’or a montré qu’à 35 ans, il n’entend pas abandonner ses chances de remporter le plus prestigieux trophée international. Celui après lequel il court depuis le début de sa carrière.
Maîtres de leur destin
Eliminés en 2006 et 2010 de la Coupe du monde par l’Argentine de Messi, les Mexicains ont joué leurs chances à fond. Si leur sélectionneur, Gerardo « Tata » Martino, est originaire de Rosario, comme Messi, les joueurs de la Tri n’auraient rien eu contre briser les rêves du capitaine argentin. Après leur match nul contre la Pologne pour leurs débuts dans le Mondial (0-0), les coéquipiers d’un « Memo » Ochoa moins impérial que face aux Polonais ne sont pas parvenus à se montrer dangereux.
En fin de rencontre, le nouvel entrant Enzo Fernandez est venu valider la victoire argentine. Sur un corner joué en trois temps, le milieu de terrain s’est décalé d’un passement de jambes, avant de nettoyer le petit filet mexicain (2-0, 87e).
Loin de convaincre, l’Albiceleste a assuré l’essentiel face à un coriace adversaire. Pour s’assurer d’une place en huitièmes de finale – où ils pourraient croiser la route des Bleus, comme en 2018 –, les Argentins devront s’imposer face à la Pologne, mercredi soir. A nouveau maîtres de leur destin, les coéquipiers de Lionel Messi ont évité le pire. A eux, désormais, d’écrire la suite de leur histoire.
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